Naître et grandir dans un environnement sain

L'épidémiologie, l'évolution de la santé des enfants et les facteurs environnementaux

L'épidémiologie est une science qui étudie l'apparition et la répartition des maladies dans une population et les facteurs en lien avec ces évolutions. L'épidémiologie, au travers de divers type d'études (descriptives, analytiques...) et avec l'aide de la toxicologie permet d'observer la situation d'une population vis à vis d'une maladie et d'établir un lien entre cette maladie et les éléments qui y sont associés (génétiques, modes de vie, expositions à divers facteurs...). C'est un outil indispensable pour anticiper certaines évolutions, définir des orientations des politiques de santé publique mais aussi construire une politique de prévention.

Toutefois, les études épidémiologiques comprennent inévitablement des risques d'erreurs (on parle de biais) liés, par exemple, à la complexité de la mesure des expositions par la population à de multiples agents. Une étude épidémiologique ne peut donc, à elle seule, établir un lien de cause à effet indiscutable entre un agent et une pathologie. C'est le recoupement de plusieurs d’études réalisées de façon rigoureuse, dans des situations similaires et donnant pour une majorité d’entres elles des résultats cohérents qui permettra de s’approcher de la “vérité”...

Même l'épidémiologie descriptive (celle qui étudient la fréquence et la répartition des problèmes de santé dans la population sans chercher à en comprendre les causes) n'est pas à l'abris de ces erreurs. Le simple fait d'améliorer le dépistage d'une maladie peut, par exemple donner l'impression (fausse !) d'une augmentation du nombre de cas de personnes touchées. D'autre part, le vieillissement de la population en favorisant l'expression de certaines maladies peut participer à l'augmentation du nombre de cas.

Cependant, au delà de ces différents biais, la progression très rapide de l'incidence de certaines maladies ne peut s'expliquer par ces seuls biais (les facteurs d'ordre génétique ne peuvent, eux non plus être retenus en regard de la rapidité de ces évolutions). Chez l'enfants par exemple, de très nombreuses études descriptives pointent une progression particulièrement préoccupantes de pathologies comme les malformations, les allergies, les troubles du comportements, le diabète ou même les cancers... Pour les cancers par exemple : l'OMS précisait (en décembre 2014) : "Nos résultats apportent une preuve évidente d’une augmentation de l’incidence du cancer de l’enfant et de l’adolescent durant les décennies passées et une accélération de cette tendance.». En France selon l'InVS, 1 enfant sur 440 développe un cancer avant l’âge de 15 ans. Le même InVS donnait les chiffres de 1 sur 500 en juillet 2005.

Pollutions chimiques : des effets bien mal évalués

Les polluants en mélange peuvent potentialiser leurs impacts (on parle d'effet “cocktail”), invalidant les normes établies pour des polluants pris isolément. Les normes concernant de nombreuses molécules sont d’ailleurs souvent revus à la baisse pour tenir compte du risque d'interaction. Cependant, ni les recherches ni la législation, ne suivent la progression des risques : les effets de potentialisation de ces contaminants sont quasiment inconnus et rarement étudiés... Il est vrai que l’évaluation toxicologique très incomplète de l’écrasante majorité des molécules synthétiques, permet de mieux comprendre l’ampleur de la tâche qu’il reste à accomplir ! Certes, ces polluants qui envahissent peu à peu notre environnement sont en faibles concentrations mais il sont toujours plus nombreux et ils nous exposent quotidiennement sur de très longues périodes... Incorporés par l'organisme, certains vont perturber le fonctionnement du système immunitaire, ou les fragiles équilibres des mécanismes hormonaux (on parle de perturbateurs endocriniens). D’autres finiront par se stocker dans les tissus graisseux, le système nerveux ou les systèmes de détoxication (foie, reins...). Ils s'accumuleront en silence (la plupart du temps) dans divers organes et appareils avant de favoriser l’apparition de maladies dégénératives.

Pour autant, les divers agents chimiques ou physiques de notre environnement ne sauraient être tenus pour seuls responsables de ces inquiétantes évolutions. Mais la santé environnementale, en identifiant dans notre quotidien certains facteurs pathogènes connus ou suspectés permet néanmoins d'en préciser le niveau de risque et de proposer des solutions d'éviction ou de réduction des expositions. Un polluant en moins étant une chance en plus de favoriser la santé de l'enfant.

Alertez les bébés !

« Les enfants présentent une sensibilité élevée aux polluants de l'environnement, en raison de leur croissance rapide, de leur physiologie particulière , de leur petite taille et de leurs activités de découverte. » (Extrait du “Plan National Santé-Environnement 2004-2008” - France). Pour certains scientifiques les enfants sont considérés comme les "sentinelles" de notre environnement. Cette sensibilité particulière des enfants (comme des femmes enceintes) et les moyens à mettre en place pour limiter les expositions ne fait pourtant que très rarement l’objet d’informations de la part des professionnels de santé (eux mêmes très mal formés -pour le moins !- au sujet). Le fait de “marcher à 4 pattes”, un comportement habituel du très jeune enfant les expose plus particulièrement aux contaminants de l’habitat : ils ramassent les poussières sur les mains puis les portent à la bouche.

Quelques recommandations :

La santé de l’enfant à naître est largement conditionnée par le comportement de sa mère au moment de sa grossesse (on parle de "l'origine développementale" de nombreuses maladies) ou de son allaitement. Ainsi, des consignes de base, bien relayées par les médias et les professions de santé sont généralement bien connues du grand public : - Pas d’alcool durant la grossesse et l'allaitement (risque de retard mental du bébé) - Ne pas fumer (risque de retard de développement du bébé, diminution du poids de naissance, risque de prématurité...). - Un bon équilibre alimentaire - Une activité physique modérée (demander conseil à son médecin) - En cas de non immunisation contre la toxoplasmose (confirmée par une prise de sang), laver bien les fruits et les légumes, cuire suffisamment les viandes, éviter le contact des chats - Pour éviter la listériose qui peut-être redoutable pour le fœtus : éviter le lait cru, les fromages au lait cru, les rillettes, pâtés et charcuteries en gelée, retirer la croûte des fromages - Attention à la consommation de médicaments (nombre d’entre eux peuvent comporter des risques pour le fœtus).

La mise en application même stricte de ces recommandations est malheureusement quasiment inopérante sur la contamination du fœtus ou du lait maternel par les polluants de synthèse. Il conviendrait donc de sensibiliser la future mère à d’autres risques, ceux ci pouvant très souvent être largement réduits. Il convient aussi lorsque l’on parle de la contamination du lait humain de bien rappeler l’intérêt de l’allaitement pour la santé du bébé. Tout laisse à penser que les intérêts de l’allaitement sont largement supérieurs aux risques potentiels (qui restent d’ailleurs pour beaucoup à confirmer). Cependant, nier la réalité de cette contamination serait tout autant dangereux ne serait ce que du fait qu’aucune mesure d’évitement ne serait alors recommandée... Mais d’ailleurs, de quels contaminants parle t-on ?

La contamination du lait humain

Notre alimentation contient divers polluants qui se concentrent dans les chaînes alimentaires dont nous sommes souvent le dernier maillon (mécanisme de bio-accumulation). Notre organisme est donc contaminé par divers polluants (polluants organiques persistants de type dioxines, PCB..) qui se stockent dans divers organes notamment dans le tissus graisseux car la plupart de ces substances sont liposolubles. Or, le tissus graisseux peut être utilisé par la femme qui allaite pour la production du lait (très riche en matières grasses) qui sera, à son tour contaminé. Limiter l'amaigrissement (et surtout éviter de pratiquer un régime) durant l’allaitement limite le destockage des corps gras de la femme et limite donc très sensiblement la contamination de son lait. D’autre part, on sait que l’âge de la femme est un paramètre important sur la contamination de son lait : Plus elle est âgée, plus la contamination de son lait est importante (5 ans de plus augmente de 24% la contamination dans certaines études). La corpulence est un autre facteur important : une charge lipidique plus importante diminue la contamination du lait (par un phénomène de dilution des polluants). Rappelons à nouveau que les intérêts de l’allaitement sont, pour autant, largement supérieurs aux risques et que l’allaitement reste donc clairement à privilégier !

Métaux lourds : le cas du mercure

Les Ministères de l’Agriculture et de la Pêche, de l’Economie, des Finances et de l’Industrie et celui de la santé et des solidarités rédigeait (suite à un avis de l'AFSSA) un communiqué commun le 25 juillet 2006 : "Les Ministères (....) recommandent, uniquement pour les femmes enceintes ou allaitantes, et pour les enfants de moins de trente mois : d’éviter la consommation d’espadon, de marlin et de siki ; de ne pas dépasser plus d’une portion par semaine (150 g pour les femmes enceintes et allaitantes et 60 g pour les enfants jusqu’à trente mois) de poisson prédateur sauvage[1] , en plus des autres poissons consommés. Le système nerveux central du fœtus et de l’enfant en bas âge (jusqu’à 30 mois) présente en effet une sensibilité particulière à l’action toxique du méthylmercure." Je rajouterai à cet avis que le déclin préoccupant de nombreuses de ces espèces (et donc les menaces de leur disparition) ne fait que donner encore plus d’intérêt à cette recommandation ! Pour finir, ne perdez pas de vue qu'une des principales sources d'exposition au mercure est l'usage d'amalgames dentaires (qui en contiennent près de 50%). L'exposition est la plus forte lors de la pose et la dépose de ces amalgames (étape à éviter absolument lors de la période de la grossesse). En France, depuis 1998 le Conseil Supérieur d'hygiène publique de France recommandent d’éviter ces opération pour les femmes enceintes.

Edulcorants

“Il y a lieu de croire que la consommation d'aspartame par les femmes enceintes est inoffensive pour la santé. Cependant, comme les produits alimentaires sucrés à l'aspartame ou à l'aide d'autres édulcorants artificiels pourraient se substituer à des aliments nutritifs qui contribuent à l'apport énergétique, il convient de mettre en garde les femmes enceintes contre une consommation excessive de tels produits.” “La saccharine et les cyclamates sont déconseillés durant la grossesse en raison de leurs effets indésirables possibles” Extrait d’un document du site “Santé Canada” (10/2004) D'autre part, une étude&&ntake of artificially sweetened soft drinks and risk of preterm delivery: a prospective cohort study in 59,334 Danish pregnant women », Halldorsson et al. Am J Clin Nutr. 92(3):626-33 (sept. 2010)&& réalisée par une équipe danoise auprès de 60 000 femmes enceintes met en lien la consommation quotidienne d’une boisson édulcorée artificiellement et le risque d'accouchement prématuré (le risque serait accru de 38 % chez les femmes en consommant au moins une fois par jour et 78 % chez celles en consommant au moins 4 fois par jour). Les auteurs de l'étude précisent toutefois qu'il est nécessaire de confirmer ou infirmer ces résultats par d'autres études.

Huiles essentielles et femmes enceintes :

Les propriétés remarquables des huiles essentielles ne doivent pas nous faire oublier que leur actions sont souvent puissantes et nécessitent donc quelques précautions surtout à ces époques de la vie. Toutes les huiles essentielles ne sont pas déconseillées pour les femmes enceintes ou allaitantes (sauf en diffusion : dans ce cas, toutes les huiles essentielles sont alors à proscrire). Des effets peuvent apparaître : - chez le fœtus : risques d'avortement (Sauge officinale, Armoise...), retards de croissance, malformations... - chez l'enfant en bas âge : Atteintes du système nerveux et respiratoire... - chez la femme enceinte, des effets secondaires peuvent apparaître (d'autant plus que son organisme est déjà affaibli) : certaines huiles peuvent rapidement devenir neurotoxiques, hépatotoxiques, néphrotoxiques, épileptisantes... Par prudence, aucune huile essentielle ne devrait être utilisée à ces époques sans s'être, au préalable renseigné auprès d'un spécialiste. L'usage de toutes les huiles essentielles est déconseillé lors du premier trimestre de la grossesse (quelque soit le mode d'administration). Quelques huiles essentielles à éviter pendant la grossesse (notamment celle à phénols ou cétones) : Menthe poivrée, Achillée, Angélique, Anis, Armoise, Basilic, Cèdre, Camomille romaine, Camphre, Cannelle, Coriandre, Citronnelle, Cumin, Cyprès, Fenouil, Genévrier, Hysope, Jasmin, Lavande, Laurier,  Mandarine, Marjolaine, Mélisse, Menthe verte, Myrrhe, Origan, Persil, Romarin, Sarriette, Sauge officinale, Thuya, Thym, Verveine...

Cosmétiques

Les période de la grossesse, de l’allaitement et de la petite enfance constituent sans nul doute les périodes les plus sensibles à l’exposition aux cosmétiques (c’est aussi couramment la période où l’on utilise le plus !). Une famille de composés les plus connus du grand public est sans doute celle des parabènes. Ces molécules ont un (faible) effet œstrogénique (attention notamment aux Propylparaben et Butylparaben suspectés d’effets sur la reproduction). Sans vouloir établir une liste exhaustive (et fastidieuse) de composés à déconseiller, le mieux est encore de faire au plus simple : l’eau, le gant de toilette, l’huile d’amande douce, le liniment oléo-calcaire. Evitez donc les lingettes comme les parfums ! L’attention doit d’autant plus se porter sur les cosmétiques lorsqu’ils sont utilisés fréquemment, lorsqu’ils sont appliqués sur une surface corporelle importante et lorsqu’ils ne sont pas destinés à être rincés.

Filtres solaires

Certains filtres solaires présentent une activité œstrogénique et seraient de nature à provoquer des anomalies du développement hormonal et sexuels (notamment selon une étude de l’université de Zurich&& Etude de 2001 de Margret Schlumpf, toxicologue à l'Institut de pharmacologie et de toxicologie de Zurich : M. Schlumpf et al., "In vitro and in vivo estrogenicity of UV Screens", Environmental Health Perspectives, vol.109 3, mars 2001, p. 239-244$$). Ces molécules seraient à déconseiller aux femmes enceintes et allaitantes et aux jeunes enfants. Les filtres concernés : le benzophénone-3 (oxybenzone), le 4-méthylbenzylidène camphre (4- MBC), l'homosalate (HMS), l'octyl ou éthylhexyl methoxycinnamate (OMC), et l'octyl-dymethyl-PABA (OD-PABA).

Parfums

Eviter les parfums (au moins en contact direct avec la peau). Certains de leurs composés (muscs artificiels, phtalates9) passent la barrière cutanée et sont retrouvés jusque dans le sang du cordon ombilical... et donc du fœtus. Ces produits sont à éviter tant chez la femme enceinte que chez l'enfant.

Evitez les colorations pour cheveux, certains composants peuvent être allergènes ou toxiques. Eviter de même de vous faire poser de faux ongles (l'utilisation de produits toxiques peut menacer la santé du bébé).

Peintures

Dans un document d’août 2007, L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset)[2] attire l’attention sur les risques sanitaires potentiels, notamment pour les femmes enceintes, liés à l’utilisation de peintures contenant du propylène glycol monométhyléther (PGME) ou son acétate. Les résultats obtenus par l’Agence montrent que dans le cas de l’application de peinture, il peut exister un risque pour la femme enceinte au regard des effets de ces substances sur le développement et la reproduction, aux concentrations considérées. Il serait donc vivement souhaitable d’éviter pour une femme enceinte de manipuler des peintures (mais aussi colles, vernis...). On peut aussi recommander de bien ventiler la chambre de l’enfant, particulièrement si des matériaux de décoration (peinture, moquettes...) ou des meubles neufs (notamment ceux contenant des panneaux de particules) y ont été introduits récemment. Le mieux étant d’effectuer ces transformations bien avant l’arrivée de bébé et de bien ventiler ensuite. On peut aussi privilégier les meubles d’occasion[3] (ils ont déjà largement émis les composés organiques volatils[4] qu’ils contenaient) ou ceux en bois massif (s’ils n’ont pas été peints ou vernis trop récemment !). Une autre solution serait de privilégier les peintures ou produits de décoration portant l’éco-label européen (voir ci-contre) pour une moindre émission de composés nocifs.

D'autre part, une étiquette indiquant les émissions de COV sur de nombreux produits de décoration (dont les peintures) apparait sur les emballages (voir ci-dessus) : De "A+", le produit le moins émissif au "C" le plus émissif (le A+ sera de rigueur dans les chambres d'enfants). Enfin, de nombreuses peintures à base d'argile ou de chaux sont aujourd'hui disponibles avec d'excellents résultats quant à la qualité de l'air dans les pièces ainsi rénovées.

Pesticides

S’il y a des périodes de grande sensibilités à cette famille de polluants, c’est, sans nul doute, celle-ci ! Evitez donc absolument l’exposition aux pesticides lors de la grossesse, de l’allaitement tout comme lors des premières années de la vie. Privilégiez pour l’alimentation de la mère comme de l’enfant des aliments issus de l’agriculture biologique (surtout les produits complets et les corps gras animaux. Ils sont de nature à être plus contaminés). Une étude de l’INSERM13 établissait en 2006 un risque accru de développement de leucémie chez les enfants qui y étaient exposés in-utero ou lors de leur premières années de vie.

Conditionnements alimentaires

Diverses molécules (ou familles de molécules) de synthèse contenues dans les plastiques à usage alimentaire sont, elles aussi, sur la sellette. Les phtalates (utilisés pour rendre les plastiques plus souples) et le BPA : Bisphénol A (cette substance est le monomère du polycarbonate, un plastique habituellement transparent et rigide) sont à éviter. Les phtalates sont des substances qui se détachent très facilement des matrices de plastique. Elles s’en décrochent d’autant plus facilement que la température du contenu est élevé.

Evitez donc d’utiliser des anciens biberons contenant du BPA[5] (le BPA est aujourd'hui interdit dans les biberons comme bientôt dans l'ensemble des emballages alimentaires). On peut repérer les plastiques contenant du polycarbonate (le plastique qui contient du BPA) en regardant sur la base du biberon : la mention de PC (pour polycarbonate) indique donc la présence de BPA ou le chiffre “7” dans un triangle signifie “autre plastique” et donc souvent “polycarbonate”. Des biberons en inox ou en verre existent et devraient être privilégiés. De la même façon, pour éviter l’exposition aux phtalates, le contact entre les aliments chauds et/ou gras et les plastiques souples est à éviter (notamment lors du chauffage des aliments dans un four micro-ondes par exemple). Utilisez de préférence un contenant en verre ou en céramique résistant à la chaleur et évitez d'utiliser un film plastique en contact avec les aliments (plus particulièrement lorsqu’ils sont gras). Evitez que les enfants de mordillent des plastiques sauf les objets dédiés à cet usage (les jouets destinés a être mis en bouche par des enfants de moins de trois ans et contenant des phtalates sont aujourd'hui interdits dans toute l’Union européenne).

Pollution de l’air

Une étude suisse[6] a évalué l’impact de l’exposition à la pollution de l’air au cours de la grossesse sur la fonction respiratoire du nouveau-né (étude prospective sur 241 enfants nouveau-nés de 5 semaines) l’exposition maternelle aux particules de diamètre inférieur à 10 µm (PM10), au dioxyde d’azote (NO2), et à l’ozone (O3) accroît la ventilation par minute, et l’inflammation des voies aériennes du nouveau-né. Ces effets délétères, survenant précocement au cours du développement pulmonaire, pourraient, selon les auteurs, retentir sur la morbidité respiratoire à long terme (des études concernant le tabagisme maternel prénatal donnent des résultats similaires).

Une autre étude[7] américaine indique que les femmes exposées à une mauvaise qualité de l'air pendant leur grossesse risquent plus que les autres de donner vie à un enfant porteur de malformations cardiaques (étude sur le CO et l'O3 sur 9000 bébés nés entre 1987 et 1993.). L'exposition déterminante semble être celle du 2ème mois de grossesse. Dans les cuisines, éviter le séjour prolongé des personnes asthmatiques ou des très jeunes enfants (comme de ceux sensibles aux maladies respiratoires) ou veiller à une bonne ventilation de la pièce. En effet, les gazinières (comme toutes sources de combustion) libèrent des oxydes d’azote (NOX) qui sont de puissants irritants de la fonction respiratoire (ils augmentent notamment la sensibilité des voies aériennes aux allergènes et aux agents infectieux). Ils sont connus pour leur rôle dans la progression inquiétante des bronchiolites du nourrisson. Attention aussi au redoutable monoxyde de carbone pour la femme enceinte (risque de mort fœtale et de séquelles graves chez l’enfant). L’utilisation d’encens doit, lui aussi être évité : sa combustion constitue une source très préoccupante de nombreux contaminants (particules, hydrocarbures aromatiques polycycliques, monoxyde carbone, oxydes d'azote).

Attention enfin, à l’‘usage des produits ménagers domestiques (désinfectants, aérosols désodorisants...) par les femmes enceintes : Une étude[8] récente menée sur 7162 enfants indique que les enfants des mères qui se servent plus fréquemment de produits chimiques domestiques en fin de grossesse et peu de temps après la naissance, ont plus de sifflements respiratoires durant leur enfance et une diminution de leurs capacités respiratoires à l'âge de 8 ans. Précisons au passage que les risques d’asthme chez l’adulte sont aussi dans certaines études corrélés à l’usage de ces produits. Rappelons au passage qu'il ne suffit pas jouer sur la réduction des polluants introduits dans le bâtiment, il faut aussi ventiler régulièrement !

Exposition aux rayonnements ionisants

L’exposition médicale aux rayons x lors de la grossesse ou lors de la petite enfance doit être justifiée et optimisée (comme d’ailleurs pour l’ensemble de la population[9]). Comme pour tout acte médical, le bénéfice attendu doit être supérieur au risque encouru. L’effet des rayons sur l'embryon ou le fœtus varie selon les doses et le stade de la grossesse. Il est donc recommandé d’éviter tout examen radiographique non urgent chez une femme enceinte. Concernant l’exposition à une contamination radioactive (par administration d’un isotope radioactif), le cas particulier des femmes enceintes est pris en compte, en revanche, ce n’est par toujours le cas pour l’allaitement. Le lait peut cependant subir une contamination radioactive, l’allaitement doit alors être arrêté.

Exposition aux rayonnements non ionisants

L’utilisation d’un téléphone portable près du ventre de la femme enceinte est tout particulièrement à déconseiller (attention à ne pas perdre de vue que le téléphone en veille continue d’émettre par intermittence). Attention plus généralement à l’environnement du très jeune enfant. L’éloignement constituant un moyen très efficace de réduire très sensiblement les doses d’exposition, mettre à distance les appareils tels que les bornes wifi (et mieux : coupez dès que possible les émissions de radiofréquences pour revenir aux câbles !). L'usage des tablettes tactiles se généralise peu à peu dès le plus jeune âge. Il est alors indispensable de couper leur émissions WIFI Le babyphone est sans doute la première exposition rapprochée des enfants aux radiofréquences. Non seulement cette exposition se produit tôt dans la vie mais, en regard du temps que l’enfant passe dans son lit, elle peut durer près de 15 heures chaque 24h ! Si l’usage de ce produit est inévitable, on éloignera l’appareil du lit de l’enfant, on recommandera l’achat d’un appareil se déclenchant à la voix (il ne fonctionne pas en continu) et on évitera aussi les appareils équipés de vidéo (émissions continues). Attention aussi aux téléphones fixes sans fils (technologie DECT) dont la base (sur laquelle se raccroche le téléphone) émet des radiofréquences en permanence (même le téléphone raccroché !). Cette base devrait se tenir à distance de la tête du lit de l'enfant (attention à ne pas oublier que les murs ne constituent pas une protection !). Un téléphone filaire est recommandé, sinon, sachez qu'il existe depuis peu des téléphones (ECO-DECT) qui limitent très sensiblement les expositions (en plus de réduire significativement leur consommation d'énergie).

Pour conclure

La période de la naissance est un moment fort de la vie. Les parents veulent ce qu’il y a de mieux pour leur enfants. Le commerce et le marketing ont malheureusement fait de ces instants une autre façon de nous convaincre de l’impérieuse nécessité de consommer en offrant à notre progéniture les cosmétiques, accessoires ou mobilier dernier cri. Pourtant, c’est bien souvent au travers de ces objets ou comportements dictés par le marketing que vont s’effectuer une bonne partie de ces expositions peut recommandables. Et si nous revenions aux fondamentaux ? L’enfant à d’abord besoin d’amour et d’attention. Sachons laisser à leur place les “gadgets” du modèle consumériste et vivons simplement et pleinement ces moments intenses en construisant pour ces enfants un avenir de santé et d’un environnement protégé. Ce texte n’a aucunement pour but de provoquer angoisse ou anxiété ! La plupart des recommandations, si nous prenons le recul nécessaire, sont simples d’application. En permettant de mieux contrôler les facteurs influant sur notre santé et celle de nos enfants, elles nous apportent plus de liberté.

Bien d'autres sujets auraient pu être traités, à vous de poursuivre les recherches !

A voir et connaître

Des ateliers pour permettre aux femmes enceintes et aux jeunes parents de mieux connaître et prévenir les risques de l'environnement domestiques sur la santé de leur enfants : Les ateliers de "Nesting" du WECF France : BP 100. 74103 Annemasse Cedex. Tél : 04 50 49 97 38. Site : www.wecf.eu www.projetnesting.fr

Notes

[1] Lotte, loup de mer, bonite, anguille et civelle, empereur, grenadier de roche, flétan, cardine, rouger-barbet, brochet, Palomette, Capelan de Méditerranée, raie et pocheteau, dorade-sébaste et rascasse du nord, voilier de l'Atlantique, sabre, dorade rose, dorade rouge et pageot, requin (darne), saumonette et roussette (état pelé), escolier noir et escolier, rouvet, esturgeon, thon, listao et thonine

[2] L'AFSSET est devenue en 2010 ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail)

[3] De nombreuses associations vous proposent de tels meubles souvent en excellent état à des prix très intéressants !

[4] les composés organiques volatils (COV), constituent une grande famille de composés pouvant être redoutables (formaldéhyde, benzène...)

[5] La présence de cette molécule à d’ailleurs été interdite dans les biberons par les autorités françaises en 2011

[6] Latzin P et coll. : Air pollution during pregnancy and lung function in newborns. 8eme congrès international de pneumologie pédiatrique (Nice) : 29-31 mars 2008.

[7] Américan Journal of Epidemiology. Epidémiologiste Beate Ritz. Equipe de l'Institut de Santé Publique de Californie-Los Angeles et du Programme californien de surveillance des malformations à la naissance.

[8] Etude du Pr John Henderson (université de Bristol, Royaume-Uni) et de ses collègues publiée en mars 2008 dans le Journal Européen de Pneumologie.

[9] Directive Européenne 96/29 du 30 juin 1997 : La justification et l’optimisation. Le principe de justification interdit des examens irradiants qui n’auraient pas d’utilité et le principe d’optimisation vise à réduire au strict minimum la dose reçue.

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