Les pesticides sont une grande famille : 450 substances actives sont actuellement homologuées. Différentes propriétés communes à la plupart d'entre eux posent problème : Ils ne sont que très faiblement biodégradables, généreusement épandus, ils sont donc durablement présents dans notre environnement. Une fois consommés, ils peuvent être pour certains stockés dans les tissus graisseux des êtres vivants. Là, ils s'y accumulent et se concentrent le long des chaines alimentaires. l'homme étant souvent en fin de chaîne alimentaire, nous incorporons donc chaque jour des petites quantités de pesticides Signalons au passage que la voie principale d'entrée de ces polluants n'est pas l'eau (10%) mais l'alimentation (90%). Ces chiffres, donnés par l'Organisation Mondiale de la Santé ne tiennent pas compte de la contamination par les airs (très variable selon le lieu d'habitation par exemple). S'il est donc important de s'inquiéter de la teneur en pesticides dans l'eau du robinet, il est primordial de se préoccuper de la qualité de notre alimentation ! Nous sommes donc tous exposés à ces substances. Leurs effets cancérigènes sont mal connus pour les faibles doses.
Du fait d'accidents, les conséquences d'une exposition à des doses importantes de pesticides est assez bien connu pour de nombreuses substances, mais quels sont les risques encourus par une ingestion régulière de faibles doses ? C'est là une question bien délicate face au peu de recul que nous avons actuellement. Notons au passage que presque tout reste à découvrir quant à l'interaction des pesticides entre eux et à la toxicité de leurs produits de dégradation. Autant de facteur qui devrait rendre encore plus prudent quant à l'utilisation de ces produits ! Concernant les expositions à de faibles doses, le cancer est "naturellement" évoqué et et souvent fortement suspecté mais il ne devrait plus être aujourd'hui seul pris en compte. Ces substances s'avèrent en effet être des "perturbateurs endocriniens" qui miment l'action de nos hormones (tout comme les phtalates, le bisphénol A...).
Un lien solide est aujourd'hui établit entre l'exposition à divers produits chimiques (dont de nombreux pesticides) et les menaces qui pèsent sur la fertilité Depuis de nombreuses années, les scientifiques tirent la sonnette d'alarme : la reproduction humaine est menacée par des "xéno-hormones". Les hormones régissent dans l'organisme un très grand nombre de fonctionnements (de la pression artérielle à la sexualité en passant par la digestion). Une de leur propriété est d'agir à des niveaux extrêmement faibles... Mais certaines substances chimiques -les xéno-hormones- introduitent dans l'organisme miment ses hormones et perturbent bon nombre de fonctionnements. De nombreux pesticides agissent justement aujourd'hui comme des hormones sexuelles féminisantes (œstrogènes). Vivant dans ce que certains scientifiques appellent un océan d'hormones, il n'est donc pas étonnant de constater certains faits inquiétants : Une baisse de la concentration des spermatozoïdes (baisse annuelle de 1 à 2% de la concentration spermatique). Ainsi, selon le Centre d'Etude et de Conservation des Œufs et du Sperme de Paris (CECOS), la concentration en spermatozoïdes a chuté de 40% en 20 ans chez les Parisiens (chiffre de 1995). De moins en moins nombreux, ces spermatozoïdes sont aussi de plus en plus souvent anormaux. Ainsi, si les tendances se poursuivent et rien ne laisse malheureusement penser le contraire, la fertilité humaine pourrait bien être très sérieusement menacée. Autre indicateur inquiétant des dérèglement hormonaux : On note une fréquence accrue des cancers de la prostate et des cancers du testicule (2,3 à 5% d'augmentation par an selon les pays). Le cancer du testicule est le cancer le plus fréquent chez les hommes de 25 à 35 ans. On note enfin depuis 20 ans une fréquence accrue des malformations de l'appareil génital des enfants de sexe masculin. Les femmes, pas plus que les hommes ne sont pas à l'abri : le cancer du sein qui ne cesse d'augmenter en fréquence pourait bien être une des conséquences de cette imprégnation hormonale. Ce cancer à, en effet, d'autant plus de risque de survenir chez une femme que sont imprégnation œstrogénique aura été importante (les risques sont ainsi augmentés par une pubertée précose et une ménopause tardive, mais aussi, bien sur, par une exposition à des agents chimiques mimant les œstrogènes). L'ensemble de ces phénomènes (cancers, malformations et baisse de la concentration des spermatozoïdes) mis en évidence chez l'homme a aussi été constaté pour de nombreuses espèces animales. Mais les pesticides ne sont pas les seuls en cause, de nombreux autres composés de synthèse sont sur le banc des accusés. Agir pour la promotion d'une autre agriculture et pour limiter fortement les rejets de l'ensemble de ces substances est devenu aujourd'hui une impérieuse nécessité.